• La participation et la parabole du logement

    L'autre économie sur France inter le mercredi 4 octobre 2006.

    En ce moment le parlement examine le projet de loi sur la participation. L’objectif est de favoriser la participation au capital dans les entreprises moyennes. Faut-il, dans une collectivité, plus de capitalistes et moins de salariés ? Expliquez-nous ça, Bernard, avec la « parabole du locataire ».

    Oui, seul un salarié sur deux dans le privé (le « secteur marchand ») bénéficie d’un accord de participation, en général un salarié d’une grosse entreprise ; et sans doute serait-il juste que tous les salariés en bénéficient. Aussi veut on favoriser la distribution d’actions gratuites, la transformation des comptes épargne temps en comptes actions, et même nommer des représentants des salariés-actionnaires aux conseils d’administration. Tout cela est merveilleux. Mais s’il y a trop de propriétaires, de capitalistes, dans une société ça peut tourner mal. Et voici ma « parabole du locataire ».

    C’est Alfred Sauvy, le grand démographe, qui l’utilisait.

    Relance : Imaginons que l’économie soit un immeuble,

    Un immeuble avec un propriétaire et des locataires. Les locataires travaillent, payent leur loyer, et entretiennent le propriétaire, qui construit un autre immeuble. D’autres salariés arrivent qui sont locataires, et la vie du capitalisme continue. Le nouvel immeuble rapporte, parce que d’autres salariés locataires arrivent.

    Maintenant je donne la possibilité à des salariés de devenir propriétaire d’immeuble : encore faut-il, pour que cela leur rapporte, que d’autres salariés arrivent et payent leur loyer. De sorte que la distribution du capital aux salariés, c’est magnifique, mais il faut au bout de la chaîne que des salariés travaillent pour payer, rémunérer le capital.

    Supposons que dans l’immeuble, les salariés expulsent le propriétaire et disent : l’immeuble est à nous, et ils attendent, en se tournant les pouces. L’immeuble et ses occupants vont disparaître. Cela s’appelle l’histoire de l’économie soviétique.

    Supposons, à France-Inter, que nous soyons tous propriétaires, et attendions des retour sur investissement, ou des rentrées de rémunération de notre capital. Encore faudrait-il que notre capital, certains le fassent fructifier.

    Contrairement à une idée reçue, l’argent ne fait jamais des petits. Mettez des billets de cinquante euros dans une bouteille dans votre jardin, revenez un an plus tard, et vous serez étonnée : leur nombre n’aura pas bougé. Entre l’argent et l’argent, il faut du travail.

    Le projet de la participation tout généreux qu’il soit peut être aussi un leurre : on vous donne plus de capital, mais on n’augmente pas les salaires... Mais si on n’augmente pas les salaires, qui, au bout du compte paiera les loyers ?

    Bernard Maris


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