• Suicides de salariés chez Renault : "Un aveuglement criminel" pour Solidaires Industrie

    Une cinquième personne, salariée chez Renault Guyancourt s’est suicidée, la troisième en quatre mois...

    La Direction de chez Renault qui jusque là se défendait par une comparaison douteuse avec un taux de suicide « comparable à une ville de 12 000 habitants », parle aujourd’hui d’un « échec collectif ». Une dernière dérobade pour englober y compris les collègues dans ce drame alors que c’est l’employeur qui est l’unique responsable de la santé physique et morale des salariés dans l’entreprise !

    Constatant la dégradation du climat social chez Renault, les syndicats SUD et CGT se battent depuis plusieurs mois au CHSCT pour qu’une enquête indépendante soit mise en place. Mais la Direction et les syndicats CGC et CFDT (majoritaires) s’y sont jusqu’à présent refusés. Par contre la Direction a lancé après les directives de Carlos Ghosn, une enquête sur « l’engagement » des salariés dans la réussite « du Renault contrat 2009 »...

    S’il fallait s’en convaincre, les pressions toujours plus fortes sur les salariés pour satisfaire un appétit de profits jamais rassasié, comportent des risques de mort !

    La Direction de Renault n’a certainement pas souhaité ces drames. Mais nul ne peut nier que ces drames sont le résultat d’un management par le stress, par la peur et le mal vivre. En cela, l’aveuglement d’une Direction comme celle de Renault est criminel. Car malheureusement cette méthode de management n’est pas particulière à Renault et existe dans toutes les entreprises. Cette politique se traduit par :

    • L’augmentation des objectifs

    • La diminution des moyens

    • La dégradation des conditions de travail

    • Le maintien d’une politique salariale au plus bas

    • L’obligation des heures supplémentaires

    Comme le code du travail le prévoit, les syndicats SUD et CGT de chez Renault renouvellent leur demande pour qu’une expertise indépendante sur les risques de troubles psychosociaux dans l’entreprise, se mette en place et le plus rapidement possible.

    Avec SUD Renault, Solidaires Industrie se bat au quotidien pour changer la vie dans l’entreprise. Ce combat pour la justice sociale ne s’arrêtera pas tant que subsistera l’insécurité sociale pour les salariés.

     


    «La pression psychologique au travail est de plus en plus forte»

    Les groupes EDF et Renault, tout deux confrontés à une série de suicides en quelques mois, ont décidé de mettre en place «une mission d’écoute et de compréhension» pour le premier, «un plan d’action» pour le second. Christian Latrose, vice-président du Conseil économique et social et responsable CGT dans le secteur textile-habillement-cuir, analyse les facteurs de suicide en entreprise.

    Un chiffre, extrapolé à partir d’une étude menée en 2003 en Basse-Normandie, fait état de 300 à 400 suicides par an au travail en France. Vous confirmez ?

    Je pense que cette estimation est bien en deçà de la réalité. Le problème, c’est qu’on ne dispose d’aucune étude nationale sur le sujet. En France, on comptabilise le suicide des adolescents et celui des personnes âgées mais pas le suicide au travail.
    Pourquoi, selon vous ?

    Parce que le sujet est tabou. Le phénomène est pourtant plus ancien que les affaires qui l’ont médiatisé chez Renault et EDF. Je suis responsable CGT dans le secteur du textile-cuir-habillement et j’en ai vu des salariés désespérés, des tentatives de suicide et des suicides. Le textile perd 2000 emplois par mois depuis dix ans. Comment voulez-vous que les salariés ne soient pas dépressifs.

    La situation s’est donc empirée ?

    Oui. Avec la mondialisation et la concurrence, la pression psychologique est de plus en plus forte, que ce soit pour ceux qui font l’objet d’un plan social ou pour les cadres soumis à un diktat du résultat. De plus en plus de salariés amènent du travail à la maison le week-end. Sans pour autant être plus reconnus.

    Cette pression au travail peut-elle vraiment pousser au suicide ?

    Ce n’est jamais lié à un seul facteur bien sûr. Mais quand un type écrit une lettre à son entreprise pour dire que ça ne va pas, la moindre des choses est d’être à son écoute. Quand ça ne va pas à l’usine, ça ne va pas à la maison. Les plans sociaux ont fait exploser un paquet de couples, entraînant parfois dépression et alcoolisme. Les salariés pensent que à leur arrive à eux parce qu’ils ne sont pas bons. Perdre son emploi, c’est aussi perdre son identité. C’est trop facile de se retrancher derrière un «il ou elle était fragile».

    Que préconisez-vous pour mieux cerner le problème ?

    Il faut donner beaucoup plus de moyens au Comité d’hygiène de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), qui va devenir beaucoup plus important dans l’entreprise de demain que le Comité d’entreprise. Il faut que la médecine du travail coopère avec le CHSCT et que son action soit renforcée. Il faut, enfin, mener une campagne de prévention auprès du personnel d’encadrement sur le harcèlement moral et les facteurs de risque du suicide.

     

    Propos recueillis par Catherine Fournier


    20Minutes.fr, éditions du 14/03/2007 - 19h32


    Suicides Renault : Ghosn s'exprime
    01/03/2007 - 17:10

    Le Président du Groupe Renault s'est dit "très préoccupé" par la série de suicides chez Renault lors du Conseil d'Administration de la marque au Losange. Cette préoccupation fait suite à la série de suicides au Technocentre de Guyancourt (Yvelines). M. Ghosn a par ailleurs précisé : "Renault n'a pas droit à l'échec, mais un salarié de Renault peut échouer. Aavant d'ajouter "Je souhaite m'impliquer personnellement afin de tenter de trouver des solutions à la situation.


    Suicides Renault : enquête préliminaire
    21/02/2007 - 12:46

    Après le nouveau suicide d'un employé de Renault du Technocentre de Guyancourt (qui fait suite à ceux de deux de ses collègues qui s'étaient eux aussi donné la mort en octobre et en janvier derniers, sur le site même de Guyancourt) les militants syndicalistes accusent notamment le stress dû aux pressions du travail. Le PDG de Renault a promis d'enquêter tandis que le parquet de Versailles vient d'ouvrir une enquête préliminaire.


    mercredi 14 mars 2007, mis à jour à 15:24

    EntreprisesConditions de travail: un suicide par jour LEXPRESS.frSelon une étude du Conseil économique et social, le travail serait directement à l’origine d'un suicide par jour. Renault doit présenter jeudi des mesures concrètes pour tirer les conséquences des trois suicides qui ont touché les salariés du Technocentre récemment

     
    Selon Christian Larose, vice-président du Conseil économique et social, une personne par jour se donne la mort pour des raisons liées aux mauvaises conditions de travail. Stress, surcharge, harcèlement ou peur de perdre son emploi: le chiffre des suicides dans le monde du travail, actuellement compris entre 300 et 400 par an, serait en nette augmentation, selon l'expert, également syndicaliste de la branche textile , cité mercredi par Le Parisien. En tout, 10 000 personnes se suicident en France chaque année et 140 000 font des tentatives de suicide.

    Même si le phénomène touche tous les milieux, les plus concernés, poursuit Christian Larose, sont les cadres, les enseignants, les instituteurs, les professeurs, les personnels de santé et les salariés du secteur privé. Interrogée par le Parisien, Pascale Cotinaud, à l’écoute des suicidaires sur une ligne d’urgence permanente de SOS Suicide Phénix, affirme que plus de 15% des personnes qui appellent évoquent des soucis liés aux conditions de travail.

    Les entreprises à l’écoute
    En réaction aux trois suicides survenus chez Renault depuis quatre mois, le directeur général adjoint du constructeur automobile, Jean-Louis Ricaud, et le directeur du Technocentre, Michel Faivre-Duboz, vont présenter jeudi au cours d’une réunion du comité exécutif de l'entreprise, des mesures concrètes à mettre en place.

    EDF comparaissait par ailleurs lundi 5 mars devant le tribunal des affaires de sécurité sociale de Tours pour le suicide d’un technicien en août 2004. EDF conteste une décision de la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM), qui considère comme une maladie professionnelle le suicide de Dominique Peutevynck. En tout, en trois ans, six suicides ont eu lieu à la centrale nucléaire de Chinon, en Indre-et-Loire. Le syndicat de l’entreprise a constaté une situation de surcharge de travail mais refuse la confirmation d’un lien entre le travail et ces actes désespérés. Après avoir mis fin à ses jours, le salarié d’EDF avait laissé une lettre adressée à l’entreprise.


    Technocentre de Renault (Yvelines) Après les suicides des mots mais pas de moyens

    Après le suicide du salarié du Technocentre survenu le 16 février, Carlos Ghosn, président de Renault, a réuni la majorité des responsables de l'encadrement du Technocentre jeudi 1er mars. L'heure est à la communication : la direction de Renault tient à restaurer son image.

    Sur le site du Technocentre, l'émotion est forte. C'est le quatrième suicide en deux ans et demi, les trois derniers s'étant produits depuis octobre 2006. Le vendredi 23 février, environ 1 500 salariés se sont rassemblés à l'appel de tous les syndicats pour rendre hommage au collègue qui vient de se suicider. Mille cinq cents, c'est beaucoup.

    Dans ce milieu composé pour plus de la moitié de cadres, les appels syndicaux sont souvent peu suivis. Mais depuis quinze jours, partout, on discute de l'ambiance dans les services. Ce que chacun croyait propre à son secteur apparaît comme général. Partout, il faut coûte que coûte tenir les délais. Un chef déclarait il y a plusieurs mois, lors d'une réunion : « Un projet-véhicule, c'est comme le TGV. On prend tous le train ensemble et personne ne doit rester sur le quai. » Tout est fait pour culpabiliser les salariés, quels que soient leur niveau et leur secteur. Des réunions plusieurs fois par semaine sont organisées, en plus du travail, pour rendre compte de celui-ci. Et le stress se communique ainsi à tous les échelons.

    Le collègue qui s'est suicidé était en passage cadre. Il devait « faire ses preuves » aux yeux de la direction, dans le contexte du Contrat 2009 pour lequel Ghosn a exigé la sortie de 26 nouveaux véhicules d'ici deux ans.

    Et c'est bien là qu'est le problème : pour atteindre cet objectif, les effectifs n'ont pas été revus à la hausse. Et les salariés partis en retraite n'ont pas tous été remplacés. Les délais de développement des véhicules ont été raccourcis depuis trois ans et il faut faire de plus en plus d'économies.

    Suite à l'émotion suscitée par ce dernier suicide, la direction a mis en place une cellule de soutien psychologique avec un numéro de téléphone et elle envisage de créer un numéro vert interne « utilisable par tout salarié ressentant le besoin d'être écouté ». Des formations sont prévues pour les chefs sur la gestion du stress et, pour les responsables des Ressources humaines, des séances de formation à la « prévention et l'aide à apporter aux personnes en difficulté ». Depuis une quinzaine de jours, l'attitude de certains chefs a un peu changé : les pressions se font plus discrètes. Le 1er mars, lorsque Ghosn a réuni l'encadrement, il a d'ailleurs bien insisté sur l'idée qu'il fallait respecter les horaires et ne pas exiger un nombre trop grand d'heures supplémentaires.

    Quant à remettre en cause les objectifs du plan 2009, il n'en est évidemment pas question. Aucun moyen supplémentaire n'est envisagé pour que l'on puisse travailler de manière plus sereine. Et il semble bien que tout ce que la direction met en place aujourd'hui vise à gommer l'impression désastreuse produite par Renault et par Ghosn lui-même, ces derniers mois, à l'intérieur et surtout à l'extérieur de l'entreprise.

    Correspondant LO


    La leçon des suicides en série chez Renault, par Emmanuel CouvreurLE MONDE | 05.03.07 | 14h05

    ur le site de Guyancourt, les récents suicides nous affectent et nous interpellent en tant que salariés de Renault. Ce centre de conception et de développement des nouveaux véhicules de Renault situé au sud-ouest de Paris regroupe 9 000 ingénieurs et techniciens, dont 46 % de cadres. Face à de tels drames, les enquêtes engagées mettront sans doute en évidence des causes différentes. Les conditions de travail ne peuvent pas à elles seules expliquer de tels actes. Cependant leur localisation sur un même site et dans une période rapprochée invite à une analyse approfondie de leur contexte professionnel pour ne pas en rester à la violence des événements, repris largement dans la presse.


     
    Cette situation comporte une double dimension, conjoncturelle mais aussi structurelle. Conjoncturelle, par le fait que l'entreprise s'est engagée dans un programme sans précédent de renouvellement de ses véhicules. Vingt-six nouveaux modèles en trois ans, soit une moyenne de huit nouveaux modèles par an au lieu de trois auparavant. Une telle progression aboutit de fait à une augmentation considérable de l'activité des salariés de l'ingénierie, souvent confrontés à une difficulté réelle d'évaluation et donc d'équilibrage de leur charge de travail. C'est le lot d'un certain nombre de salariés mettant en danger leur vie familiale par des journées interminables, des déplacements empiétant sur les week-ends, sans parler des courriers électroniques traités le soir au domicile.


    Ces suicides qui inquiètent RenaultTrois morts en quatre mois à Guyancourt. Le parquet ouvre une enquête préliminaire.
    Par Sonya FAURE
    QUOTIDIEN : mercredi 21 février 2007
    Ses collègues lui avaient pourtant répété : «Lâche ! Mais lâche prise ou tu vas péter un câble !» Raymond D., 38 ans, n'a pas lâché. Il s'est pendu à l'aide d'un ceinturon. C'est le troisième salarié du technocentre Renault de Guyancourt qui se suicide en quatre mois. Lui l'a fait chez lui. Les deux précédents, sur le site du technocentre.
    Lettre. Hier, le parquet de Versailles a ouvert une enquête préliminaire. «Chaque fois, c'est le même profil, estime Vincent Neveu, délégué central adjoint CGT pour l'ingénierie et le tertiaire. Des ingénieurs ou des techniciens très engagés dans leur travail et qui avaient un fort besoin de reconnaissance.» Raymond D. allait passer cadre. Selon le Parisien, il aurait laissé une lettre à sa famille expliquant qu'il ne se sentait «pas capable de faire ce travail», que le travail «était trop dur à supporter».
    «Evitons tout amalgame : le suicide est toujours le résultat d'une situation personnelle complexe ; il est difficile de faire des conclusions hâtives sur ses causes», prévient la direction. Qui renvoie chacun à sa part de responsabilité. «C'est un échec collectif, pour nous, direction de l'établissement, mais aussi pour les organisations syndicales et tous les collègues, estime Antoine Lepinteur, DRH du technocentre. Nous n'avons pas su voir.» Depuis les deux derniers suicides, une cellule d'aide psychologique est ouverte aux salariés désirant être écoutés. Et depuis 1998, un observatoire d'évaluation du stress a été mis en place. «Nous avons une politique de certification des conditions de travail : nos taux d'accident du travail, d'absentéisme et de turn-over sont très faibles et en baisse», certifie Antoine Lepinteur.
    Mais pour la CGT, observatoire et taux ne suffisent pas. C'est l'organisation du travail qui est en cause. Elle dénonce un «climat anxiogène dans le groupe» dû au «Renault contrat 2009» de Carlos Ghosn. «Quand il présente son plan, Ghosn dit que si on n'atteint pas ses objectifs c'est l'avenir de Renault qui s'annonce mal, donc l'emploi», note Vincent Neveu, de la CGT. Au sein du technocentre chargé de concevoir les nouveaux modèles de Renault, Raymond D. travaillait sur le projet de remplacement de la Laguna, pierre angulaire du contrat 2009. Selon la CGT et SUD, Renault aurait mis en place un système de management et de cotation stressant, individualisant les performances. Un exemple : l' «enquête engagement» lancée par la direction auprès de certains salariés du technocentre pour connaître leur engagement individuel dans la réussite du Renault contrat 2009.
    Epouses. Depuis l'annonce de la mort de Raymond D., la CGT a été contactée par deux épouses de salariés affolées. «Leurs maris présentent des caractéristiques proches de nos collègues qui se sont suicidés : retour au domicile après 22 heures, impression d'être dépassé par la charge de travail. L'une d'elles a fini en larmes, témoigne Vincent Neveu . Elle n'avait pas osé dire à son mari qu'elle appelait un syndicat.» La CGT et SUD demandent une expertise indépendante sur «les conséquences sociales de l'organisation du travail». Jusqu'à présent, la direction a refusé.


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